Récemment, et après plusieurs jours d'enquêtes, la police a réussi à débusquer et à mettre la main sur Willy Muhlmeyer. Celui-ci a été aussitôt mis en examen. Tous les possesseurs de voitures vont enfin pouvoir dormir tranquillement, car tant que Willy Muhlmeyer se promenait en liberté, aucun véhicule à moteur n'était en sécurité.
Sur toutes les voitures qu'il a subtilisées, il en a endommagé une bonne demi-douzaine, sans parler des désagréments qu'il a causés à leurs propriétaires.
Pour le journal "Der Elsässer", la coupe est pleine. Cet individu doit être retiré de la circulation, et cela définitivement. Il faudra bien qu'un jour sa relégation lui soit effectivement appliquée, ou qu'il soit enfermé dans un établissement pour le restant de ses jours, comme par exemple derrière les hauts murs de la prison de l'île de Ré*, afin qu'il ne puisse plus jamais nuire à quiconque. Et aucun automobiliste ne trouverait à y redire.
12 juillet 1938. Ces dernières années, il a souvent été question de deux individus qui rendaient peu sûrs les pavés de Strasbourg. Régulièrement, les noms de Willy Muhlmeyer et de Henri Bohnert apparaissaient dans les registres de la police. Les vols de voitures, de vélos et de cambriolages étaient leurs quotidiens. Et à chaque fois, leurs méfaits donnaient lieu à un procès. Les deux énergumènes totalisent plus d'une vingtaine de peines de prisons.
Il y a peu de temps, ils se sont à nouveau rencontrés en prison. Willy Muhlmeyer, qui se trouve toujours sous la menace d'une relégation, a été incarcéré pour un vol de voiture. Bohnert quant à lui a été condamné pour proxénétisme.
À peine sorties de prison, les deux énergumènes se sont associés pour mettre au point un système de vol de vélos. Mais leur petite entreprise mise sur pied tourna court et ne fonctionna que quelques jours.
Avril 1939. Devant le tribunal, Willy Muhlmeyer, qui essaie maintenant de repousser au maximum son départ pour la Guyane, avoue le vol de 9 vélos, qu'il a perpétré entre le 18 juin et le 2 juillet 1938. Des faits qui se sont déroulés devant la piscine municipale de Strasbourg, les bains Weiss*, dans la rue des Serruriers et dans différents autres endroits de la ville. Un complice du nom de Jean Meyer, un musicien âgé de 24 ans, lui prêtait main forte.
Les vélos étaient transportés à Gambsheim chez Albert Schnoering. Celui-ci leur remettait 50 francs par vélo livré. Pour la police, il est plus que temps que ces deux-là disparaissent définitivement de la circulation.
* Les Bains Weiss se trouvaient au 8a quai Zorn à proximité du pont Abraham Deutsch.La prison de l'île de Ré n'a jamais eu de bagne, seulement un dépôt de forçats en partance pour la Guyane et la Nouvelle-Calédonie.
C'est en 1938 que prend fin la relégation, et en 1953, la colonie voit le rapatriement de ses derniers forçats. De ce fait, Willy Muhlmeyer n'a probablement jamais été déporté en Guyane.
Mais se pose alors la question, d'abord pour l'administration pénitentiaire, de savoir où loger les près de 1200 relégués en France métropolitaine, et ensuite pour moi, de savoir où Willy a purgé sa peine !
Pour en savoir un peu plus sur l'abolition de la relégation en Guyane française, voir sur le site : Journal Open Edition.
Les sources
Ce récit en quatre parties est un condensé et une traduction (par moi-même) d'articles rédigés en allemand, parus dans les différents journaux alsaciens des années 1930.-Der Elsässer / Le Nouvel Alsacien, est un ancien quotidien bilingue d'Alsace, fondé le 2 avril 1885 à Strasbourg sous le titre Der Elsässer. Il a cessé de paraître en 1986.
-Der Unterländer Kurier / le Courrier de Basse-Alsace. Quotidien bilingue allemand et français pour l'arrondissement de Haguenau. Il a parut de 1908 à 1940.
-Freie Presse est un quotidien de langue allemande publié en Alsace. Il a été publié sous le nom de Freie Presse für Elsass-Lothringen entre 1898 et 1918, et sous le nom de Freie Presse/La Presse Libre de 1919 à 1939 et de 1944 à 1960.
-Strassburger neue Zeitung
-Journal de Guebwiller / Landwirtschaftlicher Kreisverein Gebweiller
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