Philippe, sosa n°8, c'est mon grand-père (l'arrière grand-père du sosa n°1). Il est né le 18 janvier 1883 à Eckbolsheim, probablement au n°151 de la Weyläng, l'actuelle rue d'Oberhausbergen. Le village est situé à 3 km de Strasbourg dans le Bas-Rhin. Philippe est le fils de Joseph Heitz(16) journalier, né à Crastatt et de Marie Lorentz(17) d'Eckbolsheim.
Source : Photo personnelle
À la naissance de Philippe, son père est déjà âgé, puisqu'il a 54 ans. Sa mère est plus jeune, mais a quand même 41 ans. Il est le neuvième et le dernier de leurs enfants. À sa naissance, seul Marie Joséphine de six ans son aînée a survécu. Ses deux autres sœurs et ses cinq frères sont tous décédés en bas âge, de quelques jours à dix-huit mois. Philippe a encore deux demi-frères, Louis Philippe et Charles.
La fraterie de Philippe. Il y a d'abord ses 2 demi-frères. Joseph Heitz(16) les a reconnu par son mariage avec leur mère, Marie Lorentz(17) le 5 avril 1869.
- Louis Philippe Lorentz/Heitz. Il est né le 8 mai 1866 de père inconnu. Le 23 novembre 1889, il épouse Madeleine Steiner (1866-1921) originaire de Lembach, un village forestier des Vosges du Nord.
Ils ont eu 4 enfants: - Marie est née le 4 décembre 1890 à Merkwiller-Pechelbronn. Elle a 20 ans quand elle donne naissance, le 7 décembre 1910 à Eckbolsheim, à Karl Heitz, de père inconnu. Trois mois plus tard, le 10 février 1911 elle épouse Karl Stettner 24 ans, né le 18 décembre 1887 à Willsbach dans le Bade-Wurtemberg en Allemagne. Par ce mariage, Karl Stettner reconnaît être le père de Karl Heitz.
Le mariage religieux a été célébré le lendemain à Willsbach, le 11 février 1911. Marie et Karl Stettner ont encore eu une fille nommée Gertrud. Marie décède le 12 décembre 1971 à Heilbronn dans le Bade-Wurthemberg, à l’âge de 81 ans. - Joséphine, née le 27 août 1893.
- Emile, né le 28 mai 1896.
- Et enfin Emilie, née le 7 octobre 1898 et décédée le 24 octobre 1918 à l’âge de 20 ans. Ouvrière de fabrique.
- Charles Lorentz/Heitz est né le 4 mars 1868, également de père inconnu. Un premier mariage est célébré avec Angéline Lorentz. Elle décède le 8 février 1949. Charles se remarie avec Delphine Eugénie Valentine Voyer, le 29 décembre 1952 à Argentan, une ville moyenne d'un peu plus de 13 000 habitants dans le département de l'Orne, en Basse-Normandie. Pas d'enfants connu à ce jour. Il décède le 4 septembre 1957 à Argentan, à l’âge de 89 ans.
Après le décès de sa femme, Louis Philippe se remarie à Strasbourg, le 17 juillet 1923, avec Marie Keusch. Il décède le 4 juillet 1940 âgé de 74 ans, à Aiguillon dans le Lot-et-Garonne, à l'asile départementale de vieillards et invalides de Bischwiller. L'établissement ayant été évacué sur Aiguillon en 1939.
Les autres frères et sœurs de Philippe :
- Marie Madeleine. Née le 15 janvier 1870 et décédée le 8 mai 1872 à l'âge de 2 ans.
- Anne Marie. Née le 1er octobre 1871 et décédée le 19 octobre 1871 âgée de 18 jours.
- Joseph. Né le 18 avril 1873, décédé le 3 août 1873 âgé de 3 mois.
- Eugène. Né le 25 octobre 1874. Décédé le 27 mars 1875 à l’âge de 5 mois.
- François Joseph est né le 20 février 1876. Il décède 3 mois plus tard, le 29 mai 1876.
- Marie Joséphine. Elle est née le 25 septembre 1877. Le 25 avril 1899, elle accouche de Joseph Philippe Heitz, de père inconnu. Lui aussi ne vivra pas longtemps, il décède le 5 septembre 1899, à l’âge de 4 mois. Marie Joséphine se marie le 17 juillet 1903 avec Joseph Klein d'Eckbolsheim. 5 enfants viendront à naîtres entre 1904 et 1911. Marie Joséphine décède le 25 février 1914 à l’âge de 36 ans.
- Eugène. Né le 5 octobre 1878. Décédé le 30 juillet 1879 à l’âge de 9 mois.
- Georges. Né le 28 mai 1880. Décédé le 30 juillet 1880 à l’âge de 2 mois.
- Et le dernier, Philippe, né le 18 janvier 1883.
Au recensement de 1880*, la famille habite au n° 151 dans la Weylang. Elle est composée de 6 personnes: Joseph, le chef de famille, Marie son épouse, les 3 enfants Louis Philippe, Charles et Joséphine. Une 6ème personne est mentionnée, Madeleine Lorentz, qui pourrait être une sœur de Marie.
* Le registre du recensement a été imprimé en allemand et en français.
Source : Photo personnelle
La photo ci-contre a probablement été prise entre 1877 et 1882 dans la Weyläng. On voit Marie Lorentz au centre avec ses deux garçons, Louis Philippe et Charles. À sa droite, sa sœur Madeleine Lorentz tenant par la main Marie Joséphine.
Philippe a 7 ans, quand son père meurt le 26 avril 1889 à l'âge de 60 ans. Joseph était journalier, c'est à dire au bas de l'échelle sociale. Le journalier était un ouvrier qui louait sa force de travail à la journée. Philippe grandit ainsi dans une famille pauvre. Il se retrouve donc avec sa mère Marie et sa sœur Marie Joséphine.
À la mort de leur beau-père, les deux demi-frères de Philippe, Louis Philippe et Charles, sont respectivement âgés de 23 et 21 ans. Louis Philippe se marie en novembre 1889.
Contrairement à ses parents qui sont nés Français, Philippe est né 12 ans après l'annexion de l'Alsace-Moselle au IIe Reich allemand naissant. En avril 1871, 10 ans avant la France, les autorités allemands instaure l'obligation scolaire pour les garçons de 6 à 14 ans, jusqu'à 13 ans pour les filles. Philippe fréquente l'école et apprend donc l’allemand. Apprendre ou parler le Français est interdit. Streng verboten !
Source : Photo personnelle
Dès l'âge de 20 ans, tout homme était astreint au service militaire obligatoire, dont la durée était de sept ans. Trois ans de service actif ininterrompu suivi de quatre ans dans la réserve. Et Philippe ne fait pas exeption à cette règle. Comme des milliers de jeunes alsaciens, il va être appelé et devra servir dans l'armée impériale.
À la fin de son service actif, il est de retour à Eckbolsheim et reprend son métier de tailleur de pierres, il a alors 23 ans.
Quelques mois après son retour à la vie civile, Philippe fait parler de lui, mais sous la rubrique des faits divers. En août 1904, il est condamné à 10 mois et 2 semaines de prison, pour avoir brutalement maltraité, avec l'aide de deux complices Joseph Paulus et Philippe Jung, deux jeunes qui s'en retournaient chez eux à Koenigshoffen. D'après l'article du Courrier de Metz daté du 23 août 1904, Philippe n'en était pas à sa première rixe.
Le 28 juin 1907, il se marie avec Marie Walter, âgée de 25 ans, également d'Eckbolsheim. Les 2 témoins du mariage sont Joseph Léo Walter, 27 ans et Louis Heitz, 41 ans le demi-frère de Philippe.
Marie Walter est née le vendredi 13 octobre 1882, de père inconnu. Sa naissance n'a été enregistrée à la mairie d'Eckbolsheim que le mardi 17 octobre 1882, par la sage-femme Catherine Munsch qui l'a accouchée. Marie avait 3 ans et demi quand elle a été reconnue par le mariage de sa mère Catherine Walter avec Joseph Walter (sans lien de parenté), le mardi 27 avril 1886.
Source : Photo personnelle
Leur premier enfant, une fille, naît un an plus tard, le 14 juin 1908. Elle est baptisée Marie Philippine, les deux prénoms de ses parents. Marie donne ensuite naissance successivement, entre 1909 et 1915, à 5 enfants. Il y a Philippe, puis un premier Charles qui décède à 6 mois, l'enfant suivant et à nouveau baptisé Charles, suit Louise et Albertine.
P.S. C'est à Strasbourg en 1883 que Nikola Tesla, inventeur et ingénieur d'origine Serbe, met au point le moteur à courant alternatif.
Pendant ce temps, et sept ans après le mariage de Philippe et de Marie, jour pour jour, le 28 juin 1914, l’assassinat à Sarajevo de l’archiduc héritier d’Autriche François-Ferdinand, sera le déclencheur de la Première Guerre mondiale.
Par prudence, et pour rendre les désertions plus difficiles, la grande majorité des soldats Alsaciens et Mosellans ont été systématiquement envoyés à l'Est, combattre sur le front Russe lors de la Première Guerre mondiale. C'est le cas de Philippe qui va ainsi se retrouver en Pologne. [Archives départ. du Bas-Rhin. ]
L'armistice est signé le 11 novembre 1918. La guerre terminée, Philippe revient à Eckbolsheim, et reprend le cours de sa vie et son métier de tailleur de pierres. Mais le monde a changé, l'Alsace est redevenu Française. Le 8 septembre 1919 naît encore René(4), le dernier des enfants de Philippe et de Marie Walter. Avec 6 enfants à charge et des revenus plus qu'aléatoires, les temps sont durs et la famille vie dans la pauvreté.
Dans l'entre-deux-guerres, probablement au début des années trente, Philippe est élu au conseil municipal d'Eckbolsheim. Ainsi, le 26 avril 1934, l'ordre du jour de la réunion est consacré à l'organisation de la fête des pompiers de la commune, qui aura lieu un mois plus tard, le 27 mai. Philippe fait partie des douze membres du comité d'organisation.
Paru dans le journal Der Underlander Kurier du 5 juillet 1936.
Après de nombreux différents avec le Maire Schott Ernest, sur la gestion de la commune, 19 membres sur 21 du Conseil municipal d'Eckbolsheim, ont décidé de donner leur démission. Le dimanche 5 juillet 1936, ont donc eu lieu les élections pour la composition du nouveau Conseil municipal. Les 19 démissionnaires s'étant représentés, ils ont tous été réélus dès le premier tour du scrutin.
Les résultats des élections sont les suivants : nombre d'inscrits : 1023. Exprimés : 466. Nul : 16. Votes validés : 450. Majorité absolue : 226. Ont été réélus : Fix Joseph : 375 voies, ancien premier adjoint. Lazarus Charle, 374 voies. Heitz Philippe, 338 voies. Munch Charles, 376 voies, etc...
Près de vingt ans ont passé et nous voici déjà à la veille de la Seconde Guerre mondiale.
À suivre
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