Florent est le quatrième enfant de la fratrie, et le deuxième garçon de François Joseph Heitz(32) et de Marie Madeleine Dossmann(33). Il est né le 5 novembre 1801, 14 brumaire an 10. Le 1 février 1826 à Crastatt il se mari avec Guth Françoise, née à Westhausen (aujourd’hui Westhouse-Marmoutier) le 19 janvier 1803, 29 nivôse an 11. En ce mois de février, Françoise arrive également au terme de sa grossesse, puisque leur premier enfant, François Xavier naît le 17. Françoise est la fille de Guth Joseph et de Diss Marie, cultivateurs à Westhausen.


Les 11 enfants de Françoise et Florent :

  1. François Xavier né le 17 février 1826, décédé le 4 décembre 1826.
  2. Florent né le 30 décembre 1826.
  3. François Charles né le 3 janvier 1829 au n°12.
  4. François Joseph né le 28 mars 1830 est décédé le 24 décembre 1833.
  5. Jean Baptiste né le 28 avril 1832.
  6. Marie Salomé née le 15 juin 1833.
  7. François Joseph né le 11 janvier 1835 est décédé le 11mars 1835.
  8. Marie Anne Françoise née le 24 septembre 1836.
  9. Thérèse Richarde née le 12 juillet 1839.
  10. François Dénia né le 8 octobre 1841.
  11. Anne Marie née le 14 octobre 1843

En 1836, Florent a déjà pris la succession de son père, François Joseph, veuf depuis le décès de sa femme Marie Madeleine en 1829. Ils habitent au n°12 de la rue du village "vers le Nord", comme il est mentionné dans le recensement de 1836. La famille est composée ainsi : François Joseph, veuf, âgé de 69 ans, cultivateur. Florent, 34 ans cultivateur. Guth Françoise son épouse âgée de 30 ans. Les enfants de Florent et de Françoise : Florent 9 ans, Charles 7 ans et Jean Baptiste, 5 ans. Suivent les domestiques qui sont au nombre de quatre : Honig Michel, 22 ans, Kern Antoine, également âgé de 22 ans, Fritsch Catherine, 19 ans, et Eberhart Catherine, 18 ans. Trois générations vivent ainsi sous le même toit.

Les années se suivent et ne se ressemblent pas. Le ciel commence à s'assombrir au-dessus de la tête de Florent. Dès 1843, plusieurs actes notariés font état de grosses difficultés financières. En 1844 débute une crise alimentaire qui va atteindre son maximum en 1847. La crise de subsistance a pour origine de mauvaises récoltes avec un fort recul de la production de céréales et de pommes de terre. L'épuisement des stocks fait flamber les prix. Les faillites se multiplient, engendrant chômage et mécontentement. Et en 1847, ne peuvant plus faire face à leurs dettes, leurs biens, maisons et terrains situés à Crastatt, Westhausen et Itterswiller sont vendus aux enchères publiques par décision de la cour royale de Colmar.


Strasbourg, la Grand-Rue en 1909.

C'est à partir de ces années là, que je perd toute trace de la famille. Plus aucun acte ne figure dans les archives de l'état civil de Crastatt. Sur leurs 12 enfants, 3 sont décédés en bas âges et sont inhumés à Crastatt ; François Xavier âgé de neuf mois, Joseph quatre ans et François Joseph âgé de deux mois seulement.




Toutefois, il me manque quelques années de la vie de Florent fils. Entre son départ de Crastatt aux environs de 1847 et son mariage à Marseille en 1854, sept années ont passé. En principe, Florent devrait faire partie de la classe 1846. Or, dans mes recherches, je n'ai pas trouvé la moindre trace ou indice d'un Florent Heitz. En 1832, la durée du service militaire était justement de 7 ans, serait-ce juste une coïncidence ? Où avait-il les moyens de se payer un remplaçant, j'en doute fort. Encore des questions en attente de réponses.

Plusieurs années de recherches plus tard (merci internet) et par le plus grand des hasards, je suis tombé sur un acte de mariage, célébré à Marseille le 31 août 1854, d'un nommé Florent Heitz, fils de Florent Heitz et de Françoise Guth. En tirant sur ce bout de fil, j'ai découvert une partie des collatéraux que je recherchais. J'apprends par ce document que les parents du marié, toujours vivants, demeurent à Strasbourg avec deux frères et une sœur de Florent.




Le 19 juillet 1870, Napoléon III déclare la guerre à la Prusse. En quelques semaines, l'armée française est défaite. En juin 1871, les deux départements alsaciens, Bas-Rhin et Haut-Rhin ainsi que le département lorrain de la Moselle deviennent "Reichsland Elsaß Lothringen", terre d'empire d'Alsace-Lorraine. Un droit d'option est prévu par le traité de Francfort. Environ 160 000 personnes optent pour la nationalité française.

C'est en parcourant les fiches d’État des optants aux archives départementales à Strasbourg, que j'ai découvert bien des années plus tard ces deux fiches :

fiche d'état
Fiches d'optants

Elles concernent deux des filles de Florent et Françoise.
Il y a d'abord Marie Anne Françoise, née le 24 septembre 1836. Le 23 septembre 1872 elle opte pour la nationalité française et émigre en Algérie. En poussant un peu mes recherches, je découvre qu'elle est décédée le 30 mai 1875 à l'âge de 38 ans, lors d'un séjour à Aix chez son frère Florent. Elle était célibataire et résidait à Mostaganem en Algérie.

La seconde est Thérèse Richarde, née le 12 juillet 1839. Le 3 août 1872 elle opte pour la nationalité française en présence de son mari nommé Boisard Pierre Constant, qu'elle a épousé le 17 janvier 1861 à Strasbourg. Sur leurs quatre enfants, seul Louis Alexandre Alcide, né à Strasbourg le 29 octobre 1861 a dépassé l'âge de quatre ans. Leurs destinations déclarées est Vesoul en Haute Saône.

Après cette parenthèse, cette lucarne qui s'est entrouverte sur le destin des deux filles de Florent et de Françoise, c'est à nouveau le néant sur le devenir de cette famille.
La généalogie est faite ainsi, c'est une course de longue haleine, un marathon sans fin ponctué de hauts et de bas. C'est une succession de moments forts, mais dont parfois les résultats des recherches sont décevants et le découragement, la lassitude ou la frustration guettent. Il faut alors se replonger dans les documents déjà amassés, décortiqué les actes, recherché l'indice qui nous a échappé à la première lecture et qui permettra peut-être d'aller un peu plus loin. Attraper ce bout de ficelle, tirer dessus et il permettra sûrement de reprendre le fil de l'histoire de nos aïeux. Alors très vite, l'émotion de la découverte tant espérée reprendra le dessus.



Quelques liens utiles :


Tables de successions et absences d'Aix-en-Provence consultables sur Geneanet.
CDHA, Centre de documentation historique sur l'Algérie : L'émigration des Alsaciens-Lorrains en Algérie
ANOM, Archives nationales d'outre-mer. Recherches dans l'état civil numérisé d'Algérie entre 1830 et 1919.



Après bien des années de recherche, et par le plus grand des hasards, je tombe sur un acte de mariage, célébré à Marseille le 31 août 1854, d'un nommé Florent Heitz, fils de Florent Heitz et de Françoise Guth. J'apprend par ce document que les parents du marié, toujours vivants, demeurent à Strasbourg.


acte de mariage
Acte de mariage de Florent et d'Elisabeth

Transcription de l'acte de mariage

Le sieur Florent Heitz, journalier né à Crasttat (Bas-Rhin) le 30 décembre 1826, domicilié et demeurant à Marseille rue Clapier n°92, fils majeur du sieur Florent Heitz, journalier, et de dame Françoise Guth, domiciliés et demeurant à Strasbourg, d'une part et de demoiselle Élisabeth Bœhmer née à Sainte-Marie-aux-Mines (Haut-Rhin) le 24 mars 1830, domiciliée et demeurant à Marseille dans la sus-dite maison, fille majeure et naturelle de Élisabeth Boehmer, décédée au sus-dit Sainte-Marie-aux-Mines le 29 mars 1852, d'autre part, ont déclaré prendre en mariage l'un…, l'autre... etc. Ils ont en outre et de suite, déclarer et légitimés les deux enfants de sexes féminins nées de leurs œuvres à Marseille les 14 juillet 1852 et le 12 mai 1854 sous les noms Florentine Catherine Heitz et de Marie Joséphine Heitz. (Celle-ci décède le 19 avril 1855 à l'âge de 11 mois.)

Deux enfants naîtront encore à Marseille, Anne Françoise le 7 février 1856 et Florent François le 8 mars 1858. Puis toute la famille quitte Marseille pour s'établire à Aix-en-Provence, après la naissance de Florent François, et le 23 juillet 1861 date de naissance de Joseph Marius à Aix. Théophile, sixième et dernier de la fratrie, naît à Aix le 20 août 1863.


Les enfants de Florent Heitz fils et d'Élisabeth Bœhmer

  1. Florentine Catherine, née à Marseille le 14 juillet 1852.
  2. Marie Joséphine, née à Marseille le 12 mai 1854, décédée le 19 avril 1855.
  3. Anne Françoise, née à Marseille le 7 février 1856.
  4. Florent François, né à Marseille le 8 mars 1858. Chapelier de profession et célibataire, il est décédé le 20 février 1921 à Aix-en-Provence à l'âge de 63 ans.
  5. Joseph Marius, né à Aix-en-Provence le 23 juillet 1861.
  6. Théophile, né à Aix-en-Provence le 20 août 1863.

Florent s'est éteint à Aix-en-Provence le 14 mai 1920 à l'âge de 94 ans. Il exerçait la profession de boulanger. Veuf d'Élisabeth Bœhmer, il s'était remarié avec une nommée Fresquet Rose en février 1913.




acte de décès
Acte de décès de Florent Heitz père.

Au recensement de 1861, Françoise est veuve de Florent. Il est décédé le 24 mars 1861, quelques semaines avant que ne débute le recensement. Elle habite au 4 rue des Drapiers à Strasbourg, avec trois de ses enfants; Jean Baptiste 29 ans ouvrier cordonnier, François Dénia 19 ans journalier et Marie Anne 17 ans ouvrière lingère. Le 15 août 1872, Jean Baptiste Heitz 40 ans, déclare le décès de sa mère, Françoise Heitz née Guth, au 81 Grand-Rue à Strasbourg. Elle était âgée de 69 ans.

Elle a été inhumée au cimetière Saint-Gall à Strasbourg le 17 août 1872. Je n'ai pas trouvé le lieu d'inhumation de son mari, Florent, décédé en 1861. À cette date, seul existait les cimetières Saint-Urbain et Sainte-Hélène.



Vers la fin de sa vie, Françoise avec ses trois enfants, vivra, ou plutôt subira le siège de Strasbourg* par l'armée prussienne entre le 8 août et le 28 septembre 1870, et le terrible bombardement de la ville par l'armée du roi de Prusse Guillaume Ier. Des bombes incendiaires, lancées depuis Schiltigheim, tombent dans la Grand’rue, dans la rue du Bain-aux-Plantes, la rue de la Fontaine et les Ponts-Couverts. En tout, près de 200 000 obus s'abatront sur la ville.



La rue des Drapiers à Strasbourg, entre la rue du 22 Novembre et la Grand-Rue.


* Une liste des victimes civils et militaires des bombardements se trouve à la fin du document.

Voir également sur le site Histoire de la douane, et plus spécialement les deux articles concernant Les douaniers au siège de Strasbourg en 1870. Vers la fin de la 2ème partie du document, dans le chapitre concernant "Les pertes de la deuxième légion de douaniers de l’est", on trouve une liste détaillée de douaniers blessés ou mort durant le siège.