Été 1936. C'est l'heure de l'insouciance pour bon nombre de Français. Les négociations entre les syndicats et le patronat, dit "accords de Matignon", qui ont été signés en juin 1936, ont permis l'augmentation des salaires, la réduction de la durée du travail à quarante heures et les premiers 15 jours de congés payés pour les ouvriers. Willy, a-t-il lui aussi profité de ces premières vacances ? À moins qu'il ne les ait passé à l'ombre de la rue du Fil !
Nous voici fin juillet 1936, et Willy est de retour dans les rues de Strasbourg. Il est sans domicile fixe, ce qui ne l'empêche pas "d'emprunter" une voiture garée sur le bord de la route. Après avoir effectué une petite promenade, il l'abandonne dans la rue de Barr. La voiture appartient à un certain Jules Marin. Bien que le véhicule a été retrouvé, il en manquait quelques pièces.
Déjà condamné à plusieurs reprises pour vol de voiture, il a été formellement reconnu par un témoin oculaire. Après enquête, il a été emmené rue du Fil, une fois de plus, malgré son déni.
15 septembre 1936. Après une journée passée ensemble à déambuler dans les rues de Strasbourg, Willy, âgé maintenant de 23 ans et un certain Bernard Wolters, un marginal de rencontre de 25 ans, d'origine allemande, se retrouvent le soir venu sur la place Kléber.
Et comme souvent, pour ne pas dire toujours, la tentation est trop forte pour Willy. Ni d'une ni de deux, les deux compères sautent dans une voiture stationnée là et disparaissent en direction de la gare. Malheureusement pour eux, le propriétaire du véhicule, attablé dans un restaurant qui borde la place, assiste à la scène.
Aussitôt, à l'aide d'un autre client du restaurant, ils poursuivent en voiture les deux voleurs en direction de l'église Saint-Pierre-le-Vieux, où ils réussissent à les coincer. Willy qui se trouve au volant est arrêté, mais le siège passager est vide. Bernard Wolters avait sauté de la voiture au cour de la poursuite. Il a néanmoins été appréhendé rapidement.
Willy a été condamné à 3 mois de prison et à une amende de 500 francs. Son complice, Bernard Wolters, déjà sous le coup d'un mandat d’expulsion, a quant à lui été condamné à 6 mois de prison.
Novembre 1937. Les inspecteurs de la Sûreté ont réussi à appréhender Willy Muhlmeyer. Cette fois-ci, c'est une moto qui a fait l'objet de sa convoitise. Cela s'est passé le mois dernier, lorsqu'il est surpris rue de la Mésange par un policier à vélo, alors qu'il venait de dérober la moto. Il a réussi à prendre la fuite à pied en abandonnant le deux-roues. Malgré ses dénis, il a retrouvé sa cellule rue du Fil.
L’incorrigible voleur de voiture nargue la police.
Dès sa sortie de prison, il rend visite à la rédaction du journal "Der Elsässer/Le Nouvel Alsacien". Il y est connu comme le loup blanc depuis plusieurs années, comme un incorrigible voleur de voiture. Très remonté par le traitement qui lui est réservé par le journal, Willy leur demande de publier un article rectificatif, concernant les accusations portées contre lui dans l'article du 12 novembre 1937. Il déclare également qu'il a été emprisonné injustement pour le vol de la motocyclette, aucune preuve formelle n'ayant été présentée contre lui.
Mais le discours de Willy ne les a pas impressionné outre-mesure. La longueur de son casier judiciaire et son passé de délinquant, ne parlent pas en sa faveur pour que le journal accède à sa demande. Il est reparti mécontent mais ne s'améliora pas pour autant.
La lecture de la longue litanie des vols de voitures commis par Willy Muhlmeyer semble n’en plus finir. Il nie la plupart des faits, et ceux qu’il a reconnus, finalement, il ne les reconnaît plus.
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