Crastatt est une petite localité du Kochersberg, blotti dans le vallon du Heliegenbach, à l'écart des routes, entre Wasselonne et Marmoutier. Des champs à perte de vue, quelques bois, des chemins, des maisons paysannes, et une église, rien de bien original. C'est un village comme il en existe tant d'autres et dont les racines se perdent dans la nuit des temps.
Un peu d'histoire et de calcul
La plus ancienne occupation du site remonte à l'âge du Fer*. Un peu plus près de nous, une nécropole mérovingienne de sept tombes du VIIe siècle a été dégagée en 1914. Dès le haut moyen Âge, le village apparaît sous son nom d'alors, "Chrasftestate", dans une donation faite en juin 739 de Nordoald, fils de Hugibert, à l'abbaye de Wissembourg.
Le village faisait partie du domaine royal, tenu en fief par les comtes d'Alsace. Bien que situé à l'extérieur de la "Marche de Marmoutier", le monastère y possédait quatre manses**.
Le clocher roman de l'église actuelle date des années 1200. Au XVe siècle, son sommet a été rehaussé par un chemin de ronde et protégé par un parapet. Durant le moyen Âge, le village était entouré d'un fossé.
** Une manse est une unité de culture (maison, jardin, vigne, terres arables et usage des communaux) confiées à perpétuité à des familles paysannes et en principe suffisamment vastes pour assurer leur subsistance. En échange, ces paysans devaient, par des corvées, cultiver le lot de terre que se réservait le propriétaire.
Au recensement de 1836, consultable en ligne aux archives départementales du Bas-Rhin, le nombre d'habitants était de 382, répartit en 58 ménages. Mais pour estimer le nombre d'habitant de Crasttat en 1728, j'ai utilisé la méthode dite du "multiplicateur". Méthode mise au point par l’abbé Jean-Joseph d’Expilly entre 1762 et 1770.
L'abbé avait observé qu’un territoire de 25 habitants connaissait en moyenne une naissance par an. Il lui suffisait donc de multiplier par 25 le nombre annuel de naissances dans un territoire donné, pour obtenir une estimation de la population totale.
Pour 1728, 15 naissances ont été retranscrites dans le registre des baptêmes de Crastatt. J'ai donc multiplié ce nombre par 25 pour arriver à 375 habitants. Pour vérifier la justesse de cette méthode, j'ai refait le calcul avec les données de 1836, soit 16 naissances x 25 = 400 habitants !
Dossmann, une vieille famille Crastattoise
Mais revenons à nos ancêtres, les familles Dossmann et Naett. Les deux familles se cotoient, se croisent, se saluent sûrement mais sans jamais se lier. La religion ne les sépare pas, ils sont tous catholiques. Plus tard viendra s'ajouter le patronyme de Heitz, le mien.
Les premiers écrits de la présence d'une famille Dossmann à Crastatt, sont notés dans le registre des mariages de la paroisse, avec le mariage d'un Michel Dossmann en date du 11 janvier 1689. L'acte, peu lisible, est difficilement déchiffrable et peut prêter à plusieurs interprétations.
Quatre noms sont soulignés. Le premier est celui du marié, Michael Dossmann, qualifié de honestus adolescens. Le second est le nom du père, Joannes Dossmann. Le troisième nom est celui de la mariée, Marguerite Diebolt. Elle est née Claus, et veuve de Adam Diebolt (quatrième nom), décédé le 6 septembre 1688 à l'âge de 38 ans. Il a été inhumé le lendemain 7 septembre au cimetière de Crastatt.
L'année suivante voie la naissance de leur premier enfant, Joannes ou Jean, baptisé le 6 août 1690. Son baptême est inscrit dans le registre de la paroisse de Jetterswiller. Jusqu'en 1701, les baptêmes sont notés dans les registres de cette paroisse, Crastatt étant une annexe de Jetterswiller jusqu'à cette date.
Dans les paroisses catholiques*, est cela jusqu'à la Révolution, tous les actes de baptême, de mariages ou de décès, les BMS, sont rédigés en latin. Nos aïeux étant restés fidèles au catholicisme, mes recherches se limiteront, pour le moment, à la traduction du latin. Mais la rédaction et la précision des actes sont de qualité variable, selon que l'officiant était appliqué ou non.
*Dans les paroisses protestantes, c'est l’allemand qui est utilisé.
En ce temps-là, les stylos à bille, si pratiques de nos jours, n'existaient pas. C'était la plume d'oie, ou d'autres oiseaux, taillée de façon à retenir un peu d'encre. Et si le curé se montrait trop généreux en encre et trop maladroit dans sa graphie, il produisait de belles taches sur les actes, sans parler des rayures et autres ratures, les rendant parfois en partie illisible.
Les registres paroissiaux ont été instaurés en France en 1539, par l’Édit de Villers-Cotterêts. Mais l’Alsace étant Terre d'Empire jusqu’en 1648, c'est par une ordonnance de Jacques de La Grange, Intendant Général d’Alsace, qui instituera en 1685, la tenue obligatoire des registres paroissiaux (baptêmes, mariages et sépultures), avec la signature de toute les parties.
Avec l'année 1685, on atteind donc les limites pour les recherches dans les registres des mariages et des sépultures. Pour les baptêmes de la période 1685-1701, il faut se reporter dans les registres de la paroisse de Jetterswiller.
A suivre la famille Naett ...
0 Commentaires